À la découverte des vignobles

Carnet de Voute #2 – Les Vins de Vienne

Domaine des Vins de Vienne

La fabuleuse histoire de trois grands producteurs de la Vallée du Rhône qui font renaître de ses cendres le célèbrissime et oublié terroir de Seyssuel !

C’est Pierre Gaillard, le premier des trois qui s’est rendu sur les coteaux de Seyssuel. Il voulait voir la terre. Les anciens de Ternay (commune située entre Lyon et Vienne) lui racontaient dans sa jeunesse que  ce vignoble abandonné était autrefois l’un des meilleurs de la région. Il avait d’ailleurs profité de ses études à Beaune pour retrouver les écrits de l’historien Olivier de Serres, dans la grande encyclopédie – le Théatre de l’Agriculture.  Il retrouve alors les textes de Pline l’Ancien et se fait adresser les écrits de Faugères de Saint Fons (1650) sur ce fameux vignoble, et confirme que les Vins de la région de Seyssuel étaient parmi les plus prestigieux de tout l’Empire Romain. Au 17ème siècle, ils étaient jugés de qualité supérieure à ceux de la Côte Rôtie. Du temps des Romains, les vins portaient le nom de Taburnum, Sotanum et Heliucum.

Pierre Gaillard en parle alors à François Villard, son ami. Tous deux retournent inspecter les coteaux et procèdent à une petite étude du sol et du sous-sol. Ils confirment leurs observations :  un sol composé d’argile et de schistes et un sous-sol de mica-schistes merveilleusement orientés, une exposition plein sud avec le soleil depuis la première heure de la journée, et un micro-climat que favorise la largeur du Rhône et la déclivité du coteau sur cette boucle du Rhône, protégée des vents du Nord. Voici des conditions idéales, pour faire du vin d’exception !

Car voyez, nous ne sommes qu’à une vingtaine de kilomètres de Lyon, sur la rive gauche du fleuve. Depuis l’autoroute A7, tournez la tête et retrouvez le château de l’Archevêque en ruine au milieu des vignes. C’est ici le cœur du vignoble de Seyssuel !

Comment explique-t-on le lent déclin de ce vignoble ?

Au 19ème siècle, les vins de Seyssuel sont très réputés. Ils se vendent à Lyon. Ce sont des vins de qualité. Ils sont chers à la vente et chers à la production. Le coteau fait parfois 50° et le travailler demande d’être attaché. Le phylloxera n’épargnera pas ce vignoble. Il faudra le reconstruire. Dans cette région, on choisit alors de replanter en pieds hybrides plutôt que de procéder à de la greffe de Syrah sur pied américain. On abandonne progressivement les coteaux pour cultiver les plateaux. Malheureusement la qualité des vins obtenus n’est plus au rendez-vous et dans ces années d’après guerre, l’autoroute met Vienne à 20 minutes de Lyon. Le prix du foncier s’élève et ces terres sont vendues. On y abandonne progressivement la culture de la vigne.

Le pari fou de trois grands hommes du vignoble septentrional

Un soir de mai 1996, Pierre Gaillard, François Villard et Yves Cuilleron se retrouvent pour un dîner entre professionnels et néanmoins amis. Et là, l’idée germée se transforme en projet. Nos trois producteurs de vins, dont la célébrité n’était alors que naissante, poussés par la passion, l’audace et l’envie de mener un projet d’amis, décident d’unir leur force et reconstruire le vignoble de Seyssuel ! Ils créent la Société des Vins de Vienne, se battent comme des damnés pour acheter un premier lopin de terre, et se mettent à bosser week-end et jours de semaines comme des fous. Ils arrachent, défrichent, creusent des chemins à coup de dynamite, et plantent les premiers pieds de vignes. Le terrain est hostile, la pente sévère. Qu’importe, ce n’est pas pire qu’en Condrieu ou en Côtes Rôtie !

La belle partie de l’histoire réside dans le fait que nos amis ont réussi à faire triompher la mise en commun de leur expérience et des méthodes de travail par un processus de décision consensuel. En effet, quel cépage planter sur quelle parcelle ? Quel type de pied planter ? Quelle méthode d’agriculture adopter ? Quelle taille ? Voici des centaines de décisions à prendre sur des questions clés, qui en final donneront le résultat attendu : un vin de qualité. Les trois vignerons ont partagé à livre ouvert leurs expériences et profitent énormément en retour de cette collaboration. Les Vins de Vienne sont pour chacun d’entre eux une plateforme collaborative. Quelle modernité !

La première vendange est récoltée en 1998.  Cette première cuvée est déjà exceptionnelle de concentration et d’élégance. Depuis la qualité ne cesse de s’améliorer. Les premières bouteilles sont portées dans les grands restaurants étoilés de la région, et les sommeliers de Point, Bocuse, Georges Blanc et d’autres ne s’y trompent pas. Ils font rentrer des bouteilles de ce vin de haute qualité et commencent à le proposer aux amateurs éclairés.

Pierre Gaillard, John Euvrard, Denis Chorot

La naissance d’un grand domaine

Dans un premier temps, le domaine des Vins de Vienne compte 11ha de vignes réparties sur plusieurs parcelles entre Seyssuel et Vienne. Les vins sont vinifiés dans un premier temps, chez l’un ou chez l’autre. Pour obtenir une assise financière plus solide, les Vins de Vienne font l’acquisition de 5 à 6 ha de terres supplémentaires en Condrieu, Côtes Rôties et Saint Joseph. Depuis ils achètent également le raisin de producteurs en Saint Joseph, Hermitage, Saint-Peray, Côtes du Rhône, Chateauneuf du Pape et Gigondas.

E n 2009, un investissement majeur voit la création d’une unité de production, de mise en bouteille et de chais de stockage ultra-modernes à Chavanay. Tout est pensé dans les moindres détails pour favoriser la qualité, simplifier la manutention, l’entretien et la réduction des coûts. Les cuves de tailles variables sont conçues parfois en inox parfois en béton en fonction des vins. Les chais de stockage des rouges et des blancs sont à température dirigée. Ici, nous sommes prêts à faire du parcellaire et du volume, nous indique Denis Chorot le responsable du domaine. Nous avons la capacité de produire 350 000 bouteilles.

L’œnologue  Pascal Lombard est ici actif comme un directeur technique. Prodiguant ses conseils sur les méthodes de culture, il participe aux décisions importantes dans la vigne. Dans la cuverie, il défini les procédés pour chaque vin et mène les analyses qui lui permettront de faire évoluer de manière positive à l’élévation de la qualité.

Doit-on dire vins de Seyssuel ou Terres de Viennae ?

La question se pose d’autant plus que l’aventure lancée par Pierre Gaillard, François Villard et Yves Cuilleron est maintenant imitée par 7 autres producteurs, dont la maison Chapoutier. Tous travaillent pour obtenir de l’INAO la reconnaissance de ce terroir, qui devrait s’appeler « Vins de Seyssuel ». Ce vignoble pourrait compter jusqu’à 120 ha dans le futur (taille de celui de Condrieu). Le processus sera long.

En attendant, les trois cuvées proposées par les Vins de Vienne, que nous feront inscrire au catalogue de Cavissima sont :

–          Le Taburnum : pur Viognier sur schiste, il est élevé pendant 18 mois et offre une palette aromatique d’une grande précision et d’une grande richesse. Il est moins minéral qu’un Condrieu et plus abricot et orange confite. C’est un vin de garde par excellence. Goûtez la différence !

–          L’Heliucum : pure Syrah sur schiste. C’est le vin obtenu de jeunes vignes de 5 à 6 ans. C’est le petit frère du Sotanum avec une concentration plus faible. Il dispose déjà d’une belle trame tannique et d’une jolie profondeur en bouche. C’est déjà un remarquable vin de garde.

–          Le Sotanum : obtenu sur les meilleurs côteaux du vignoble avec les vignes initialement plantées entre 1996 et 2000. C’est un vin d’une grande concentration et d’une grande élégance. A goûter absolument en dégustation à l’aveugle avec un grand vin de la Côte Brune !

La dégustation au domaine

  • Les vins blancs

–          Saint-Joseph Blanc – L’Elouède  2008 – 80% de Marsanne et 20% de Roussane

–          Saint-Peray – Les Bialières 2008 – 70% de Marsanne et 30% de Roussane.

–          Saint-Peray –  L’Archevêque 2008 – 18 mois d’élevage

–          Seyssuel – Taburnum 2008 – Viognier / 18 mois d’élevage.

–          Condrieu 2008 – Viognier .

  • Les vins rouges

–          Remiage

–          Côte du Rhône AOC – Les Craillets 2007

–          Saint Joseph 2007 – Syrah 100%

–          Seyssuel – Heliucum 2007 – Syrah 100%

–          Seyssuel – Sotanum 2007 – Syrah 100%

–          Hermitage – Les Chirats 2007

–          Chateauneuf Du Pape 2007

–          Gigondas – Les Pimpignols 2005 . Arômes de poivron.

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